Notice historique du Château de Sart Eustache.
Au 13ème siècle, alors que le village se présentait sous la forme d'un domaine regroupé sur la Terre du Blanc, on signale la présence d'un moulin attenant à la Biesme. Il semble que ce moulin constitue l'assise première du château. Le pré tout proche porte encore d'ailleurs le nom de « Pré du Moulin »
En 1395, Hanosset, le feron de Presles, édifie deux forges à Sart-Eustache, dont l'une sur l'emplacement du moulin.Comme en témoignent les documents, cette forge, située à proximité du pont par lequel le Grand Chemin de Walcourt à Namur enjambe la Biesme, prend de l'ampleur.
Des habitations viennent se regrouper aux abords de cette forge: le domaine primitif du Petit Sart s'estompe au profit du Sart al Stache, centre actuel du village.
Mais pourquoi Sart-Eustache ?
Un sort signifie une terre défrichée et rendue cultivable. Les plus anciennes versions du nom de Sart-Eustache remontent au 13èmesiècle; on retrouve sart al Stache ou encore Sart à l'Estache
Ce n'est qu'à la fin du 17ème siècle que les différents curés du lieu ont fait apparaître, dans son nom, celui de Saint-Eustache.... le « Saint » n'ayant d'ailleurs pas survécu à la Révolution française, comme dans tous les documents administratifs de l'époque.
Quant à la signification de stache ou estache, elle reste fort énigmatique ; Feller y voit un poteau sculpté comme une statue et pouvant servir de potence de justice. Un tel poteau dut exister en bordure du ruisseau du pré des Rys sur la limite entre Gougnies et Presles, non loin du Sart ale Stache médiéval mais en dehors du territoire actuel du village.
La littérature fait état d'un haut fourneau, forge et marteau en activité à Sart - Eustache au 15eme siècle. Vers 1559, ces installations sont détruites lors des guerres de Charles Quint contre la France.
Mais revenons à l'histoire de ce château.
En 1570, Pierre le Sire, marchand à Namur, est autorisé à remettre en état un marteau à forger situé à Sart l'estache et ruiné depuis un certain temps.
La tour actuelle du château est attestée dès 1595, mais sa construction et tout particulièrement ses assises témoignent d'une origine moyenâgeuse.
François le Sire, fils de Pierre le Sire, devenu François de Sir, reçoit des archiducs Albert et Isabelle en reconnaissance de services rendus, la seigneurie de Gougnies. Il deviendra le premier Seigneur de Gougnies en 1605 et sera anobli en 1610.
En 1665, Marguerite de Sire fille de François vendra sa maison avec la tour, forges et terres de Sart-Eustache à Jean Desmanet qui deviendra parallèlement le premier Seigneur de Sart-Eustache.
Ce Jean Desmanet est issu d'une famille de maître de forges.
En terre namuroise, l'industrie des forges fut pour de nombreuses familles la source de grandes richesses et d'une situation bien en vue. Leur admission à la noblesse fait d'ailleurs preuve de cette considération car il fallait déroger à la coutume interdisant aux nobles d'exercer un métier ou un commerce. Parallèlement à l'acquisition de la seigneurie, Jean Desmanet devient peu à peu gros propriétaire foncier à Sart-Eustache. A cette époque, le château prend la forme d'un quadrilatère dont le bâtiment principal a déjà l'allure qu'il possède actuellement.
A sa mort, en 1701, Martin-Alexandre Desmanet, son fils aîné, lui succède et relève la seigneurie du Sart. Il devient ainsi seigneur hautain et principal seigneur foncier de Biesme et Sart-Eustache.
Poursuivant les placements de son père, il achète successivement le fief du Petit Sart en 1702 et la seigneurie de Biesme en 1709. L'activité des forges s'éteindra vers 1720.
Cest son second fils, Charles-Philippe-Hubert, qui recevra la seigneurie du Sart et l'aîné celle de Biesme. La famille Desmanet habitera le château jusqu'en 1838, date à laquelle il sera vendu à Amour de Bruges dont la famille est étroitement liée à la précédente.
En 1845, Amour de Bruges fera supprimer l'aile ouest et l'aile septentrionale à l'exception de l'ancien pont-levis. Il fera en même temps agrandir la ferme attenante dite « ferme de la basse cour ».
A la fin du 19èm` siècle, son fils, Paul de Bruges de Gerpinnes , donnera au château son allure actuelle en réaménageant le bâtiment qui se trouve à droite de l'ancien pont-levis ou porte d'entrée, l'aile septentrionale qui porte d'ailleurs son nom.
Tout récemment, elle vient d'être démolie tout en restaurant la tour s'y attachant.
Le château appartiendra par la suite au petit-fils d'Amour de Bruges, le Baron Guillaume de Giey, issu d'une famille d'ancienne noblesse française. Guillaume de Giey sera sénateur de 1910 jusqu'en 1914, année de sa mort.
Sa fille, Marie-Pouline de Giey aura pour époux Jean d'Orjo de Marchovelette dont Jean-Marie d'Orjo de Marchovelette est le fils.
Jean-Marie d'Orjo de Marchovelette épousa Françoise d'Orjo. Il eurent quatre enfants Thierry, Guillaume, Anne Simone et Bénédicte.
Il fut bourgmestre de Sart-Eustache de janvier 1947 à 1974 date de sa mort.
C'était un homme de grande valeur morale, très proche des gens et respecté de tous.
Chacun pouvait aller le trouver pour obtenir une aide de n'importe quelle obétience.
Après la deuxième guerre, il participa au retour des cloches, à la restauration des voiries et à la reconstruction du pont de la Biesme détruit en 40.
Nous lui devons aussi la réfection du toit de l'église et la construction de nouvelles écoles.
Lors de la fête du village, il recevait le lundi les participants à ce que l'on appelait à l'époque le tour du village. On trouve les armes des d'Or jo au-dessus de la porte d'entrée du château d'or à l'aigle de gueule, becqué et membré d'azur, et leur cri « Walcourt Rochefort »
Le premier à porter ce nom, Jean de Walcourt-Rochefort (13Zm` siècle), Seigneur d'Orgéo, d'Herbeumont et de Château-Thierry, tenait cette première terre (peu après 1306), et dont ses descendants gardèrent le nom de sa grand-mère paternelle, fille de Louis III comte de Chiny.
Eugénie Legros épouse en 1805 Louis d'Orjo. Ils habitaient Marchovelette. Le château de Marchovelette a été construit par l'un de ses fils .
Tel est donc le château de Sart-Eustache avec ses douves, son ancien pontlevis et sa vieille tour, le tout au milieu d'un splendide parc agrémenté de plusieurs pièces d'eau.
Madame Françoise d'Orjo de Marchovelette et ses deux fils occupent actuellement ces lieux.
