La rue des Remparts  Reuwe dès Rempârts

Nous avons déjà maintes fois présenté diverses photos de cette rue des Remparts ; Celle-ci est particulièrement intéressante car elle donne une excellente vue de la « Batte ».

Les « Annales fossensis » écrites au XIVe s. et dont un manuscrit fut découvert à la Bibliothèque Nationale de Paris, donnent un résumé des événements de 1123 à 1389 ; à l'année 1149, elles portent cette mention :

« L'évêque Henri reconstruit le castrum de Fosses, ensuite il entoure la ville d'un rempart ».

C'est en effet, comme l'explique fort bien J. Lecomte dans le 2e tome de son « Introduction à l'histoire de Fosses-la-Ville », le prince Henri de (Grand) Leez, qui reconstruit le château épiscopal, l'église et le chapitre, détruits en 1140 par le comte de Namur, puis il entoure aussi la ville des bourgeois d'un rempart. Pour cela, on détourne le cours de la Biesme en un chenal coupé de plusieurs barrages, pour le fonctionnement des moulins du Joncquoy et du Stordoir. Entre ce chenal et les remparts (qui se dressaient au niveau des habitations, là où se trouve la rue actuelle), étaient des jardins loués à des particuliers, laissant un espace dégagé qu'un ennemi éventuel devait traverser (après être sorti de l'eau) : ce qu'on appelle une escarpe. Les remparts et les portes ont disparu vers le milieu du XIXe siècle. La rue est un tronçon de la route Nationale 922 Namur-Fosses créée en 1840 (puis des Trois-Bras à Châtelet en 1843). On voit fort bien ici le joli coin de la Batte (le même nom se retrouve à Liège), avec sa balustrade en fer, ouverte à l'avant-plan pour descendre par 6 marches de pierre vers le barrage. Le meunier du moulin de la Ville y superposait jusqu'à 13 poutrelles pour former une masse d'eau importante puis, par une ventelle, amenait cette eau par un conduit qui longe toute la ruelle des Brasseurs jusqu'à la roue à aube du moulin. En 1918, on a encore restauré ce barrage. Mais le moulin cessa ses activités vers 1930. En 1945, en raison de l'important charroi militaire américain, le Conseil communal envisagea le recouvrement du ruisseau pour élargir la route ; cela ne se fit qu'en 1947 et beaucoup regrettèrent la disparition de ce très joli coin de Fosses. La verdure qui bordait le chenal, les petits ponts qui l'enjambaient, cette eau courante à ciel ouvert, donnaient un aspect typique et rustique fort plaisant (mais aussi, il est vrai, parfois des odeurs nauséabondes en raison de ce qu'on y jetait !).

La belle villa, au fond, propriété de la famille Genin, était celle de M. Purnode, vétérinaire, qui avait reçu en 1892 l'autorisation de jeter une passerelle métallique sur le ruisseau, vers son habitation. La première maison à droite (R. Vervotte), était un café et relais de poste de la famille Honnay (èmon Pierre Grosse : Pierre Honnay, ses frères dits Thidar et li Mârchau, puis son fils Jules, li Prussien, local des Zouaves). La maison du coin de la rue Delmotte (M. Gheerts), porte des traces de l'antique « Porte Al Chenal » qui ouvrait les remparts vers Brogne et Dinant. Remarquez aussi le panneau « Ecole » placé sur la gauche (!) ; l'école communale des filles se trouvait à l'emplacement de l'actuel bâtiment des contributions et TVA.

La photo doit dater de vers 1925/ 1930.

Rue des remparts