Cercle horticole

Mise à jour : 12/01/2014 11:41:24

 

Table des matières     Info    Trucs et astuces

 

 

La maladie du corail des arbres ( 23 - 02 - 12 )

La taille des hydrangeas ( 23 - 02 - 12 )

Les jardins en carrés, une nouvelle génération de potager ! ( 23 - 02 - 12 )

Des papillons ravageurs dans notre potager ? ( 04 - 10 - 11 )

Limaces et gastéropodes ( 04 - 10 - 11 )

Produire des fraises de qualité au jardin ( 20 - 06 -11 )

 

La maladie du corail des arbres

Parmi les espèces sensibles on trouve : les marronniers, érables, magnolia, noyer, tilleul, peupliers, aulnes, frênes, bouleaux, figuiers, groseilliers ……

Toutes ses plantes présenteront les mêmes symptômes : de petites pustules rouge corail ou rose.

En fait il, s’agit d’une attaque provoquée par un champignon dont le nom scientifique est « Nectria cinabarina ». Ce parasite dont la fonction normale est de participer à la décomposition du bois mort est malheureusement aussi capable de pénétrer dans la ramure de nos plantes par la moindre plaie, fissure, chicot ou autre faille dans le système défensif de nos plantes. Ce champignon malheureusement trop fréquent voit ses spores véhiculés par le vent surtout en début de printemps.

Une fois sur son support le champignon peut pénétrer dans le bois (ex : mauvaises plaies de taille, blessures, bois mort, ….) et c’est rapidement que le mycélium pénètre le bois pour le détruire.

Maladie du corail.

Les parties atteintes prennent alors une couleur rougeâtre ou brunâtre selon l’espèce atteinte.

Dans un stade ultérieur, l’écorce se craquelle, se desquame et laisse enfin apparaître les petits coussinets rouges corail dont le diamètre peut atteindre 1 à 2 mm.

Au printemps, à la faveur de conditions humides, ces petits points coussins libéreront les spores qui serviront à une nouvelle contamination.

Il s’agit d’une maladie sérieuse qui peut provoquer de gros dégâts surtout sur des plantes de faible vigueur. Il n’est pas rare de voir des branches entières ou des arbres entiers mourir suite à une prolifération de la maladie.

Ajoutons enfin qu’en situation humide la base des plantes peut être directement attaquée.

Comment lutter efficacement ?

Si la maladie semble fortement agressive, la lutte n’est pas difficile et est souvent basée sur une bonne prévention ; veiller à l’hygiène lors des tailles (désinfecter les outils de coupe).

Les cisailles à haies aux lames émoussées, les sécateurs mal réglés provoquant de mauvaises plaies favorisent évidemment les portes d’entrée pour la maladie. La désinfection régulière des outils de taille, avec de l’alcool à 90°, l’élimination systématique du bois mort tant dans la couronne des arbres qu’au sol limité également l’extension et la prolifération de la maladie.

En ce qui concerne les rameaux atteints, les coupes doivent être effectuées au moins 10 cm sous les parties infectées, afin d’anticiper le développement du mycélium. Les plaies doivent être enduits d’un enduit fongicide.

Pour les espèces faibles et délicates, il est souvent nécessaire d’effectuer au printemps deux traitements fongicides systémiques.

YZ.

 

La taille des hydrangeas

 

Les Hydrangeas (hortensias) reviennent à la mode. Mais leur taille est spécifique à l’espèce, car tous ne s’approchent pas de la même façon.

La taille s’effectue principalement après la floraison et au plus tard au début du printemps.

Hydrangea macrophilla 

Supprimer les fleurs fanées le vieux bois et le bois mort ; pour équilibrer et maîtriser leur vigueur vous pouvez tailler au printemps mais alors vous supprimez les boutons floraux de l’année.

Vous pouvez également couper les vieux rameaux qui ont déjà fleuri et garder les jeunes pousses.

Hydrangea macrofilla Teller

Hydrangea paniculata

On taille les fleurs fanées. Il fleurit sur le bois de l’année, donc une taille sévère est possible et ainsi avoir une belle floraison en été.

Hydrangea paniculata Kyushu

Hydrangea quercifolia 

Fleurit sur le bois de l’année précédente ; taillez seulement les fleurs fanées.

Pour les jeunes sujets, afin de les fortifier, on peut tailler les premières années sévèrement mais au détriment de la floraison.

Hydrangea quercifolia

L’hydrangea grimpant 

N’a pas besoin d’être taillé sinon les fleurs fanées.

Hydrangea petiolaris

L’hydrangea arborescent « Annabelle »

Tant apprécié pour ses grosses fleurs blanc -crème, à reflet verdâtre, doit se tailler court en mars, sinon le poids des fleurs rend disgracieux le port des plantes surtout après une pluie

 

Les jardins en carrés, une nouvelle génération de potager !

On jardine dans des carrés surélevés, de 1 m20 de côté, divisé en cases de 30 cm de côté. Des bordures larges, en bois, renforcées par 4 tasseaux, hauteur d’environ 25-30 cm déposés à ras du sol maintiennent la terre.

Des bordures plus hautes assurent un certain confort de travail. Pour maintenir la visibilité des cases, dans un premier temps des cordelettes sont tendues de part et d’autre des côtés.

On obtient ainsi 16 emplacements par parcelle, sur 1,5 m² de surface environ.

Il est possible d’adapter la surface des cases et l’on en obtient ainsi

  • 4 de 40 cm x 60 cm.
  • Ou 9 de 40 cm x 40 cm.

 

La motivation première de pratiquer cette méthode c’est le plaisir de jardiner et de cultiver quelques légumes dans un espace réduit. Peu importe que le sol soit de qualité médiocre, les cultures sont réalisées dans un mélange de terre et de matières organiques. Les règles de la bonne pratique horticole doivent être respectées, rotation des cultures et cultures associées.

Les emplacements au nord sont à éviter tout comme les endroits trop humides.

Optez pour une fertilisation naturelle en compostant les déchets du potager. Ce compost est mélangé à la couche superficielle du sol selon les besoins des légumes. Cultivez des engrais verts. De telles pratiques engendrent une diversité bactérienne et améliorent la porosité du sol.

Certains des ces organismes bactériens en symbiose avec la plante, renforcent sa protection en s’associant aux racines.

Il est nécessaire de venir en aides aux auxiliaires naturels. Ménagez une parcelle en jachère au potager. La jachère permet au sol de se fertiliser naturellement. Divers mélanges de graines commercialisés avec leurs particularités soit pour attirer les papillons, les oiseaux ou les insectes pollinisateurs. Moins connue que l’association légumes -fleurs, il y a l’association légumes- légumes.

La famille la plus réputée est celle des alliacées, ail, oignon, échalote, ciboulette, dont l’odeur a tendance à éloigner de nombreux parasites.

La famille des ombellifères est très appréciée des insectes butineurs

Depuis des décennies, des chercheurs tentent de comprendre la communication des plantes. Pour certains scientifiques, les plantes seraient susceptibles de communiquer entre elles soit par leurs racines soit par leurs feuilles en s’envoyant des micromolécules ou en dégagent des odeurs qu’une congénère pourrait percevoir par les racines ou les feuilles.

D’autres estiment que les plantes percevraient l’odeur d’une autre plante attaquée par des insectes ou une bactérie et que l’instinct de survie la fera développer instinctivement des éléments de défense. Il n’y a donc pas de réponse définitive. Privilégions toutefois les plantes aromatiques qui méritent un endroit privilégié au potager dénommé le carré des senteurs.

 

Des papillons ravageurs dans notre potager ?

Préambule

La lutte contre les parasites au potager ne peut se concevoir sans un aménagement dans l'environnement de refuges à insectes. Installez donc au jardin des abris ou nichoirs à insectes. Des haies bocagères ou plantations diversifiées sont utiles pour favoriser la nidification des oiseaux Ces derniers exterminent bon nombre de nuisibles.

Les insectes ont aussi besoin d'abris pour y construire leur nid, pour passer l'hiver. Des bois morts, mousses, pierres, feuilles mortes offrent parfois suffisamment d'abris.

De nombreux insectes, en particulier des abeilles et des guêpes solitaires inoffensives, utilisent les galeries creusées dans le bois mort par les larves d'insectes xylophages.

Installez un refuge pour les perce-oreilles. Son principe est simple. Les perce-oreilles vivant la nuit et se réfugiant le jour dans des endroits sombres et frais, colonisent rapidement des pots de fleurs renversés remplis de foin ou de paille légèrement humide et peu tassé suspendus dans les endroits où ils sont nombreux. Dans la nature, les tiges sèches creuses de graminées, ombellifères ... ou remplies d'une moelle tendre et facile à creuser sureau, ronce, framboisier... sont fréquemment occupées comme abris journaliers, pour l'hiver. Il est possible de construire une boîte en bois dans laquelle les tiges sont rangées en les tassant.

Ces aménagements sont bien nécessaires pour amener les auxiliaires naturels. L'équilibre se maintient dans un milieu naturel qui n'est pas ou peu perturbé. Il y a donc grand intérêt que notre potager trouve cet équilibre bien nécessaire pour entrevoir la lutte contre les parasites et plus particulièrement les deux ravageurs développés ci-après.

Les noctuelles. (Agrostis segetum, Mamestra brassicae ...)

Les cultures de choux, salades sont régulièrement endommagées par ce redoutable ravageur appelé le vers gris. Ces chenilles vivent dans les couches superficielles du sol et viennent, principalement la nuit, ronger le collet des plantes dont elles provoquent, à terme, le flétrissement. Les choux, les salades, les céleris, les tomates et de multiples autres légumes en font régulièrement les frais.

Les noctuelles sont des papillons qui comptent plus de 20.000 espèces. La plupart sont des papillons nocturnes de couleur gris- brun. Si certaines sont inféodées à une plante bien particulière, la plupart sont polyphages et ainsi s'attaquent à bon nombre d'espèces végétales. La plupart des espèces nuisibles de noctuelles peuvent se classer en deux catégories : les noctuelles terricoles, dont les chenilles se maintiennent sur et dans le sol et les noctuelles défoliatrices, dont les chenilles dévorent le feuillage. Sur choux-fleurs, les pommes visitées présentent des perforations entourées d'un amas noirâtres.

Le moyen de lutte le plus efficace lorsque vous observez les premiers dégâts au collet des laitues, scaroles, choux c'est de détecter les larves dans le sol. Ces chenilles travaillent la nuit. Fouillez le sol en surface à l'aide d'un couteau tout autour du plant flétri, et éliminez les chenilles qui s'y trouvent. Ce ver gris a tendance à s'enrouler sur lui-même lorsqu'il est dérangé.

Il est aisé de distinguer la chenille de la noctuelle défoliatrice du chou qui est de couleur grisâtre à l'encontre de la chenille de la piéride de couleur jaune, verdâtre. Une protection à l'aide d'un filet anti-insectes empêche tout papillon de pondre. L'insecticide biologique à base de Bacillus thuringiensis est actif principalement contre les jeunes larves. Un purin de tanaisie, pulvérisation de pyrèthre naturel peuvent aussi être appliqués. Plantez des plantes répulsives, la tanaisie et l'absinthe. Il est indispensable de contrôler régulièrement les plantations de choux. La moindre perforation d'une feuille est un indice.

La piéride du chou (Pieris brassicae)

C'est la chenille de la piéride, velue avec des taches jaunes et vertes, qui, avec un appétit vorace, grignote les feuilles dès le printemps. La femelle pond au mois de mai, puis au mois de juillet une centaine d'œufs sur les feuilles. Chaque jour, elle mange deux fois son poids en feuilles. La piéride du chou est un papillon blanc marqué de noir au bord des ailes antérieures, au dimorphisme sexuel marqué, un point chez le mâle, deux chez la femelle. Ces papillons volent souvent en groupe et pondent entre la mi-mai et la mi- juin, la femelle dépose ses œufs de couleur jaune à la face inférieure des feuilles de choux, par groupes de plusieurs dizaines. Les jeunes chenilles en sortent au bout de 5 à 10 jours et prennent rapidement une couleur verte et s'attaquent au feuillage de la plante. A la fin de leur développement, elles mesurent 4 cm. Elles quittent alors la plante pour se transformer en chrysalide d'où en sortira un papillon au bout de 2 semaines environ. Une seconde génération apparaît à la mi-juillet.

Les chenilles, lorsqu'elles sont peu nombreuses et au début de leur développement, se contentent de faire quelques trous dans les feuilles extérieures. Elles gagnent ensuite le cœur du chou et leurs excréments s'accumulent entre les feuilles, ce qui le rend impropre à la consommation. En cas de forte infestation, il ne reste plus que les grosses nervures sur les feuilles qui ont un aspect squelettique.

L'odeur du thym, du romarin, de la sauge et de la menthe éloigne la piéride du chou d'où l'intérêt d'en planter à proximité des planches de ce légume. Des bourgeons de tomates déposés sur les pommes ont un certain effet répulsif. Posez un voile anti-insectes dès le mois de juin. Contrôlez régulièrement la face inférieure des feuilles à la recherche des pontes. Pulvérisez dès la détection des premières chenilles avec des purins végétaux entre autres à base de tanaisie...

Parmi les insecticides biologiques, citons Bacillus thuringiensis, pyrèthre naturel vendus sous diverses appellations commerciales.

Il est suffisamment démontré aujourd'hui que l'installation d'une faune naturelle au potager et l'association des cultures pour bénéficier d'interactions entre les plantes sont nécessaires pour limiter la présence du parasitisme.

Robert Daloze

 

Limaces et gastéropodes

Cet été particulièrement frais et humide fut propice à la prolifération des gastéropodes. Véritables estomacs sur pattes, ces envahisseurs trouvent dans nos potagers de tendres légumes et ce sont les laitues et les crucifères qui en subissent les excès de table. Mais l'instinct gourmand de ces parasites ne se limite pas aux légumes, toutes les plantes cultivées peuvent devenir une cible potentielle ainsi que la plupart des plantes sauvages. Ce sont les petites limaces grises (Deroceras reticulatum) qui sont le plus souvent à l'origine des dégâts, mais il ne faudrait pas pour autant négliger la grande limace (Arion aster), qui est tout aussi vorace.

Les dégâts sont occasionnés la nuit ; dès lors, le jardinier ne peut souvent que constater trop tardivement les méfaits occasionnés. Depuis l'existence des cultures, on doit parler des dégâts occasionnés par les limaces, aussi, de nombreuses recettes de lutte ont été imaginées et sont plus ou moins efficaces, ... voici quelques astuces bien utiles.

Lutte préventive

Dans les zones infestées, ou par saison humide, évitez de pailler le sol avec des matières organiques, le paillis servant de refuge aux gastéropodes. Evitez également de laisser traîner inutilement des déchets végétaux entre les lignes, contrôlez bien les adventices. Attention au compost, il peut aussi contenir les œufs qui serviraient à propager le parasite.

Les gastéropodes ont leurs prédateurs naturels : poules, canards, oiseaux sauvages, hiboux, crapauds, grenouilles, ainsi que les Carabidae peuvent vous aider dans votre lutte.

Installer autour de vos zones de cultures de larges barrières odorantes de plantes répulsives : persil, cerfeuil, capucine... peut être utile et décoratif.

Des barrières physiques telles que fils de cuivre autour des potées, mais aussi épandage au sol d'algues calcaires, de sciure de bois, d'aiguilles de pins peuvent également limiter les attaques en période peu humide.

Lutte active

Les pièges les plus simples consistent en des refuges placés entre les plantes cultivées (planches en bois, pots en terre cuite, ...), servant d'abri aux gastéropodes durant la journée, il suffit de visiter ces caches pour en récolter les prédateurs, et les détruire au gros sel. Les pièges à bière fonctionnent très bien.

Les macérations de feuilles et fleurs de cassis, ou de feuilles de rhubarbe (durant 2 heures dans une dizaine de litres d'eau) sont efficaces si pulvérisées sur le sol. Le sulfate de cuivre dilué à 1% réduirait également les infestations si la pulvérisation a lieu tard le soir.

Plus récemment sont apparus des moyens commerciaux dans un souci « biologique », c'est ainsi que le produit Escar-go à base de phosphates ferriques naturellement présents dans le sol attire les limaces qui après ingestion cessent de s'alimenter et se déshydratent. Autre préparation performante (4 semaines d'action) utilisée par les professionnels : des nématodes parasites Nemaslug (Phasmarhabditis hermaphrodita), qui s'utilisent en pulvérisation ou en arrosage sur le sol.

Ces solutions sont tout à fait spécifiques et inoffensives pour l'homme et les animaux.

Yvan Ziger

Produire des fraises de qualité au jardin

 

Qu'est-ce qu'une fraise de qualité? Comment produire dans son jardin des fraises de la meilleure qualité possible? Deux questions vastes, aux multiples aspects, auxquelles nous allons tenter de répondre ici.

UNE FRAISE DE QUALITE

Le consommateur, qu'il soit acheteur de fraises dans le commerce ou producteur de fraises dans son jardin, attend le plaisir le plus intense possible lors de la dégustation de ces fruits. Pour cela, il faut qu'ils appartiennent à une variété reconnue comme étant savoureuse, que les plants aient été bien cultivés dans un environnement favorable et que la récolte ait été faite à pleine maturité. Trois aspects qui sont parfois contradictoires.

Mais au fait, que contient une fraise? Principalement de l'eau: de 84 à 92% de son poids. Des sucres: de 3,5 à 8,5% (environ 40% de glucose et de fructose, et 20% de saccharose). Des protéines en faible quantité: 1%. Des fibres alimentaires: en moyenne 2%. Des acides: environ 1%, dont 3/4 d'acide citrique et 1/4 d'acide malique. Des vitamines: principalement la vitamine C (en moyenne 70 mg/100 g). Des éléments minéraux: principalement du potassium (de 100 à 230 mg/100 g). De très nombreux composés aromatiques: on en a décelé plus de 350: principalement des esters organiques et furanes des antioxydants.

Lors de la dégustation, une fraise sera la plus appréciée lorsque les sucres, les acides et les arômes sont présents en un équilibre harmonieux. Les conditions de dégustation jouent également un rôle important: une température trop basse des fruits diminue la volatilité des arômes; des boissons consommées juste avant peuvent altérer la perception du goût, comme du café ou des apéritifs anisés qui auront saturé les papilles gustatives. Par contre des boissons (légèrement) alcoolisées comme du vin léger blanc ou rosé vont permettre une meilleure expression des arômes dans la bouche.

La qualité gustative d'une fraise dépend tout à fait fondamentalement de son stade de maturité lors de la cueillette: il faut savoir qu'entre la fécondation de la fleur correspondante et la maturité du fruit, il s'écoule seulement 5 semaines au maximum (alors que pour une pomme ou une poire, il faut 4 à 6 mois), et que toute la qualité gustative se joue au cours de la dernière semaine. Cela signifie qu'une fraise cueillie bien mûre au jardin et consommée le jour-même ou une fraise achetée sur un site de production et mangée au plus tard le lendemain de la récolte seront toujours infiniment meilleures qu'une fraise qui a été cueillie très peu mûre afin de supporter un voyage en camion réfrigéré qui peut se chiffrer en milliers de kilomètres. Pour les mêmes raisons, ces fraises venues de loin doivent aussi avoir une très grande fermeté: elles croquent sous la dent !

On constate aussi que sur un même fraisier, les différents fruits cueillis pendant les 2 ou 3 semaines que dure la récolte ont une qualité gustative qui s'améliore progressivement: avec le temps, le taux de sucre augmente, l'acidité diminue, l'arôme devient plus intense.

Dans la qualité gustative d'une fraise, les caractéristiques variétales ont une grande importance. La teneur en sucres et l'acidité sont aisément mesurables en laboratoire; en portant sur un graphique les valeurs mesurées pour une trentaine de variétés, J.C. Navatel (C.T.I.F.L. Balandran-France) a mis en évidence qu'une majorité de variétés sont à la fois très sucrées et très acides, que quelques autres sont peu sucrées et peu acides ou très sucrées et peu acides et que les variétés peu sucrées et très acides sont (heureusement !) rares. Le climat des derniers jours précédant la récolte et une série de facteurs culturaux comme le sol, la fumure, l'irrigation, le stade de récolte déjà cité, les soins apportés aux manipulations, la chaîne du froid...jouent aussi un rôle. Il est difficile d'attribuer les parts de responsabilité de chaque facteur: sans prendre trop de risques, on dira 50% pour l'identité de la variété et 50% pour les facteurs culturaux et le climat.

PRODUIRE DES FRAISES DE QUALITE AU JARDIN

Nous nous limiterons à la culture de plein air de fraisiers non remontants. Tout commence avec la qualité du sol et les travaux de préparation de celui-ci. Même si le fraisier peut se développer dans des sols de textures très différentes, de préférence limoneuse ou sablo-argileuse, c'est dans des sols présentant une structure grumeleuse que la croissance est la meilleure. Il n'apprécie pas les sols trop légers (=sableux) ou trop lourds (=argileux) ni les sols préparés trop finement, qui vont rapidement se tasser. Le pH doit être légèrement acide (environ 6,5); la couche arable doit avoir une profondeur d'au-moins 35 à 40 cm, sans humidité excessive. Le taux de matière organique doit être élevé: il a une très grande influence sur la structure du sol et l'alimentation minérale des plantes. A l'origine, ce point fut l'un des facteurs de la qualité des fraises produites à Wépion: lorsque l'on examine la carte de Ferraris, dressée vers 1780, on constate que pratiquement toutes les zones affectées par la suite à la culture du fraisier correspondent à des sols forestiers riches en humus, libérés par les défrichements effectués au 19ème siècle. Et depuis lors, les abondantes fumures organiques apportées régulièrement y ont maintenu un taux d'humus élevé. Dans un jardin, on aura recours aux engrais verts et à l'apport de compost (en moyenne 5 kg par m2). Le fraisier cadre difficilement avec les rotations pratiquées classiquement dans les jardins: pour deux années successives de production, il occupe le sol de juillet de la première année à fin juin de la troisième année. Une préparation soignée en profondeur, avec un bon ameublissement de la couche arable suppose un labour hivernal avec enfouissement d'engrais vert ou de compost, puis une reprise à la fourche-bêche au printemps et un hersage, avec apport de la fumure minérale de fond.

Vient ensuite la pose des bandes de plastique noir sur une petite butte, avec éventuellement une gaine d'arrosage localisé (T-Tape). On attend la seconde moitié de juillet ou le début d'août pour planter. Les trous de plantation (en doubles lignes espacées de 80 cm, en quinconce à 35-40 cm, soit environ 5 plants/m2) sont percés juste avant la plantation. Cette date de plantation a une très grande importance pour le rendement de la première récolte, l'année suivante: plus on plante tôt, plus il sera élevé; les plantations effectuées après la mi-août donnent des productions faibles l'année suivante.

Autres facteurs importants: la qualité des plants et la technique de plantation. Le commerce propose des plants frais à racines nues qu'il convient de planter le plus tôt possible après leur arrachage, et des plants en motte ou en godet qui peuvent attendre quelques jours, par exemple si un épisode caniculaire survient. Un plant de qualité comporte au minimum 3 ou 4 feuilles en bon état et bien turgescentes, des racines saines et un diamètre au collet le plus grand possible. La plantation doit se faire de préférence par temps couvert ou en fin de journée, avec un arrosage immédiat; les racines doivent être étalées en éventail, non retroussées; le collet doit être placé exactement au niveau du sol. Les jours suivants, on effectue plusieurs bassinages qui éviteront le dessèchement des feuilles et des brûlures si elles touchent le plastique noir par temps ensoleillé. Après 5 ou 6 jours, l'apparition d'une nouvelle feuille et une turgescence permanente du feuillage sont les signes de la reprise.

Les plants-frigo largement utilisés en culture professionnelle sont rarement proposés aux amateurs pour différentes raisons techniques.

Dans les semaines qui suivent la plantation, il faudra désherber, couper les filets (=stolons) et arroser selon nécessité. Avec la baisse de la température se pose la question: "Faut-il protéger les plantes ou non?". La réponse n'est pas simple: des dégâts importants peuvent être provoqués par une température basse de longue durée, avec vent du Nord ou de l'Est, et en l'absence de neige; dans ce cas, la pose d'un voile Agryl P30 assurera une protection utile. Par contre, par temps doux, des plantes situées sous un voile ont tendance à pousser trop précocement. Les plants-frigo se révèlent plus sensibles au froid que les plants frais.

En mars, la parcelle subira un nettoyage par temps sec et ensoleillé; avec une brosse, on élimine les vieilles feuilles, puis on désherbe à la main. Chaque trou de plantation recevra un peu d'engrais azoté. La floraison intervient en mai; elle dure 2 à 3 semaines; il est possible dès lors de prévoir la date de maturité des fruits: environ 5 semaines plus tard. A la fin de la floraison, il faudra épandre de la paille entre les plantes et dans les sentiers, afin d'éviter le salissement des fruits par de la terre. Les récoltes se feront tous les 2 ou 3 jours selon la température et l'évolution de la maturité.

Dans un jardin d'amateur, les fraisiers sont généralement laissés en place pour obtenir une deuxième récolte au printemps suivant. Pour cela, en été, on coupe le feuillage, on arrose selon nécessité et on apporte un peu d'engrais composé dans les trous de plantation. Souvent, la deuxième production se compose de fruits plus petits, mais plus nombreux. Un certain nombre de plants peuvent avoir dépéri entre-temps. Laisser les plants une année de plus en vue d'une troisième récolte n'est pas souhaitable.

Les principaux ennemis du fraisier auxquels le jardinier-amateur sera confronté en culture de plein air sont des champignons: maladies des racines, qui peuvent être présentes dans le sol (on fera une rotation aussi longue que possible et un traitement fongicide en arrosage après plantation) ou être amenés par les plants (trempage dans un fongicide avant la plantation); pourriture grise qui endommage les fleurs et les fruits par temps humide; les dégâts sont accentués par la présence de paille moisie, une fumure azotée excessive et une plantation trop dense; il existe actuellement des fongicides à délai d'utilisation très court: 1 à 4 jours en culture de plein air; l'oïdium peut survenir en été sur des fraisiers laissés en place pour une deuxième récolte.

CONCLUSION

Comme on le voit, produire au jardin des fraises de qualité n'est pas une utopie: les conditions se résument à la qualité du sol et sa bonne préparation, la plantation en temps voulu de plants de qualité, quelques soins après plantation et au printemps, éventuellement une protection hivernale.

En vue d'une deuxième récolte l'année suivante, un rajeunissement des plants sera effectué en coupant le feuillage et en apportant eau et engrais.

Par ANDRÉ SANSDRAP, Chargé de cours honoraire, Haute-école Charlemagne, GEMBLOUX